Miyona. La ville de toutes les merveilles. Depuis des décennies qu’elle était bâtie sur l’harmonie et la communion entre les peuples, jamais le trait d’union qui permettait de maintenir ce semblant de stabilité n’avait été aussi faible. Mis à mal par les luttes intestinales, mis à mal par les quêtes de pouvoir, il y avait une étrange atmosphère dans l’air. Une atmosphère de fin de règne, une atmosphère propice à la conclusion de cette idylle qu’avaient souhaitée les gardiens anciens.
Ils devaient pourtant bien savoir qu’une telle ville ne pouvait jamais s’arrêter de vivre. Peu importe les obstacles qu’elle rencontrait, contre vents et marée, elle se dresserait toujours fièrement comme le refuge de tout un peuple. Elle serait requinquée, elle repartirait en quête de l’espoir, de la joie, de l’amour et la paix réciproque.

Ce fut ainsi par une note des inspecteurs de la ville, parvenue jusqu’au bureau du Maire, que l’Histoire continua à s’écrire entre ses murs.
Une note marquée par le sceau du mystique et de l’étrange, qui avait laissé pantois jusqu’à Monsieur le Maire. Cette note indiquait qu’il existait à présent, en périphérie de la ville, une myriade de caravanes installée sur un terrain vague.
L’incompréhension était restée de mise, et pendant plus d’une semaine, on décida de ne rien dire à la population. Mais voilà qu’il fût bien difficile de les éviter, toutes ces caravelles blanches dont jamais personne ne sortait. En fait, il n’y avait pas la moindre vie à l’intérieur de ces terres, et malgré les efforts de tous les badauds du coin, personne ne réussit à en ouvrir les portes.

Ce ne fut pas faute d’employer tous les moyens mis à disposition de l’existence humaine, et même les pouvoirs les plus puissants et les plus improbables…

Il n’y avait d’autre choix que d’attendre. Attendre que quelque chose se passe, dans l’angoisse qu’il pouvait s’agir d’une très mauvaise nouvelle, comme d’une très bonne nouvelle. Il ne fallait présumer de rien, mais les rumeurs allèrent bon train dans les différents journaux de l’Hôtel. La Buse Libérée considérait ainsi que l’inconscience des forces de l’ordre mettait en danger la population, tandis que beaucoup cherchaient à savoir s’il ne s’agissait pas d’âmes traumatisées par le voyage, craignant et redoutant de sortir. Les messages de paix se joignirent à la panique générale, tant et si bien que personne n’avait pu prévoir le dénouement du problème.


Tout s’était passé très vite. La surveillance constante des policiers présents sur place n’avait pas suffi. Un bref moment d’inattention et… des chapiteaux, une grande roue, d’imposante bâtisse, des montagnes russes.

« Je crois que j’ai fumé du LSD, Akito… » Un démon en lâcha son milkshake. Un ange en lâcha un juron.  

Un parc d’attraction venait de naître sous leurs yeux, en quelques minutes de la nuit noire, où personne ne faisait plus attention à cela tellement cela faisait partie du quotidien.